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POÉSIES

Que je tastai à mon grenon
À sçavoir s’il estoit ou non
Mués. Mès je senti pour voir
Qu’il ne s’estoit dagniés mouvoir,
Fors tant qu’il fu passés avant
Sis heures puis la nuit devant.
Et ce dont le plus m’esmerveil,
En pensant, entroes que je veil
C’est de ce qu’en ou buissoncel,
En l’éage d’un jouvencel
Fui de fu et de flame attains ;
Si n’en sui-je mors ne estains.
Mès adont il me fu avis,
Par le songe où je fui ravis
Sitos que Desirs o moi fu,
Que j’estoie en flame et en fu
De tous lès et de tous assens
Et à present riens je n’en sens.

En ceste imagination
Fis un peu de colation
Contre ma vie et mon afaîre
Et di : Je n’euisse que faire
De penser à teles vuiseuses,
Car ce sont painnes et nuiseuses
Pour l’ame qui noient n’i pense,
Et qui il fault en fin de cense
Rendre compte de tous fourfais
Que li corps aura dis et fais
Qui n’est que cendre et pouriture ;