Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/517

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
501
DE JEAN FROISSART.

Les grans merveilles invisibles
Qui samblent en dormant visibles.
Et lors comme on est esvillié,
Quoi qu’on y aie travillié,
De tout ce qui est avenu
On ne scet que c’est devenu,
Se demeurent les visions,
Voires se bien y visions
Ens ou mémoire dou veillant
Sitos qu’il se va esveillant
Aucunes fois, non pas tout-dis ;
Mès noient je ne m’escondis,
Ne je ne puis ne ne poroie,
Ne faire aussi je ne vodroie
Que quant je me fui esvilliés,
Et une espasse ermervilliés
Que je n’euisse en droit de mi
Plain memoire, sans nul demi,
De mon songe tel et si fait
Qu’en dormant je l’avoie fait.
Assés legièrement m’acorde
À ce que par moi le recorde,
Et quant je l’ai bien recordé
Riens n’i perçoi par le corps dé
Qui bien à recorder ne face,
Car g’i voi en première face
Ce qui forment me resjoïst
Et que mon coer moult conjoïst.
Encores fui-je adont si fols,
Si m’ayent Diex et Sains Pols !