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POÉSIES

» Mès j’ai en vous tant de fiance,
» Et en la très douce alliance
» D’amours, qui les loyaus coers voit
» Et qui de grasce les pourvoit,
» Que vous metterés temprement
» En ma doulour attemprement.
» Dame, si j’ose dire ou puis
» Comment il m’a esté depuis
» Que premièrement avisai
» Vostre gent corps, bien avisai
» Dou dire et dou ramentevoir.
» Et quoique j’en die le voir
» Et qu’au recorder je m’assens,
» Les biens de vous et les grans sens
» M’ont conquesté plain et entire.
» Mès tant qu’au fait de mon martyre
» Que j’ai enduré et souffert
» Et les pensées m’ont offert
» Pour vostre amour, qui si me lime,
» Je n’en diroie la centime ;
» Car ce mal est jà si espars
» De tous lès et de toutes pars,
» Et si fort en sui abuvrés
» Que, se temprement n’i ouvrés
» Vous verés bien que ce sera.
» Mes jamès il ne cessera
» Jusqu’à tant que de votre bouche
» Qui est si plaisans et si douce
» Aucuns courtois parlers saudront,
» Et lors ma dolour assaudront.