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DE JEAN FROISSART.

» Quant Narcisus en voit la fourme,
» Ardour l’amonneste et enfourme
» Que briefment c’est Equo sa mie
» Et que perdu il ne l’a mie.
» Adont se lieve contremont ;
» Et volentés si le semont
» Que de cryer envois ! envois !
» Equo ! Equo ! à clere vois.
» Le son des bois respont sans faille
» Tout ce que Narcisus li baille.
» À la fontaine s’abandonne,
» Car miréoir, ce dist, li donne
» Qu’il voit Equo en propre face.
» Tant li plet qu’il ne scet qu’il face.
» Il s’abaisse et souvent en boit.
» En ceste ardeur s’i il s’emboit
» Que droit là, sans partir, se tient.
» Et tout entirement maintient
» Que il parolle bouche à bouche
» À Equo sa mie très douce ;
» Car le son retentist et dist
» Tout ce que de Narcisus ist.
» Là se plaint et pleure et souspire ;
» Sa vie et sa santé empire,
» Car il est là tant longement,
» Sans mettre en soi aliegement,
» Espris d’un tel tison ardant
» En la fontainne regardant
» Par son samblant une figure,
» Et telement s’i esvigure