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POÉSIES

Haro ! que je les vois envis.
Quant il me regardent ou vis
À painnes pui je ouvrir la bouche
Pour chanter que cascuns en grouce.
Il sont ores de put afaire.
Se je ne cuidoie fourfaire
D’amende que quarante livres
J’en seroie tantos delivres,
Car j’ai bien volenté et ire
Que d’euls en mi la place occire,
Mès je ne les ose envaïr
Ne sus eulz montrer mon aïr,
Seulement pour ce que ma dame
Rit à la fois sus eulz, par m’ame !
Et soeffre bien qu’il soient tel
Soit à la feste on à l’ostel.
De tout ce qu’il font elle jue,
Et je me defris et mengüe.
Je vodroie, par saint Remi !
Qu’il fuissent ores droit en mi
La grant mer, en une escuielle,
Ou la langue euissent muielle,
S’auroie paix de leur parolle.
Car quant je danse ou je carolle,
Ou je fai aucun esbanoi,
Il en ont tristece et anoi,
Et me sont trop fort en aget.
Cure n’euisse de tel get,
Car je n’i puis nul bon point prendre.
Se me convient-il à euls rendre