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POÉSIES

» Que vieuls corrumpus et mortels,
» Et nature, qui bien l’expose,
» Onques ne cesse ne repose,
» Mès continuelment chemine,
» Et le corps affoiblist et mine,
» Et n’a nulle aultre affection
» Fors toutdis sa destruction.
» Mès pour ce n’en sont pas peris
» Ne corrumpus les esperis.
» Il ont commencement sans fin.
» Ces deus coers estoient si fin
» Si gai, si jone et si nouvel
» Si abuvrés de tout revel
» Et si garni d’aveulement
» Qu’il ne cuidoient nullement
» Envieillir comment que le tamps
» Ne fust point sur eulz arrestans.
» Car ; quant entre euls se regardoient,
» Leur coer de droite amour ardoient,
» Et ceste amour, de sa puissance,
» Lor ostoit toute cognissance
» Et lor esconsoit leur véue.
» Là fust-elle bien pourvéue
» De sens et d’avis d’aultre part ;
» Si n’avoit elle là point part.
» On dit qu’amours ne voient gouttes.
» Les mauls en sont plus fors que gouttes.
» Y ai-je mis solution ?
» Aurai-je or absolution ? »
Je respondi : « Oïl, par m’ame !