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DE JEAN FROISSART.

» En vérité ensi me samble
» Qu’il ne soient noient mué
» Ne de leur jouvent remué.
» Vous m’estes en un point tout-dis
» Et dou présent et de jadis.
» Et Neptisphoras li afferme,
» Qu’il l’amoit d’amour bonne et ferme.
» Ydrophus, de vous m’est otel,
» Soie en la ville ou en l’ostel,
» Où que je soie et vous soyés
» Je vous voie et vous me voyés.
» Vous estes tout dis en un point.
» Sus ce n’i a de change point. »
Je me retourne adont sus destre
Et di : « Comment poroit-ce estre
» Qu’on peuist sans enviellir vivre ?
» Vostre parolle tout m’enivre,
» Car vous sçavés, et il est voir,
» Qu’il fault son cours nature avoir.
» Dont, s’aultre raison ni metés,
» De folour vous entremettés. »
Et Jonece qui moult fu sages,
Et qui cognissoit mes usages,
Me respondi, sans plus d’attente.
À l’oïr mis-je moult m’entente.
« Les amans ci dessus nommés,
» Qui grandement sont renommés
» Ensi que dist li escripture,
» Ouvroient deseure nature,
» Car les fais naturels sont tels