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DE JEAN FROISSART.

sements n’étaient que des jeux d’exercice, d’adresse, et de force, des joûtes, des tournois et des chasses, plus pénibles et presque aussi périlleuses que la guerre même. Ces détails méritent d’être lus dans Froissart ; je ne puis que tracer imparfaitement ce qu’il a si bien peint.

Le comte de Foix ayant été informé par messire Espaing du Lyon, de l’arrivée de Froissart, qui était déjà connu à la cour d’Orthez par les deux premiers volumes de sa Chronique, l’envoya chercher chez un de ses écuyers[1] qui le logeait, et le voyant venir de loin, lui dit d’un air riant, et en bon françois : qu’il le connoissoit bien quoy qu’il ne l’eust jamais veu, mais qu’il avoit bien ouï parler de luy ; et le retint de son hostel. Cette expression, comme on l’a déjà dit, ne signifie pas que Froissart eut un logement dans le château, car on voit le contraire, mais seulement qu’il fut défrayé aux dépens du comte durant l’hiver qu’il passa auprès de lui. Son occupation la plus ordinaire pendant ce temps, était d’amuser Gaston après son souper, par la lecture du roman de Meliador qu’il avait apporté : tous les soirs il se rendait au château à l’heure de minuit, qui était celle où le

  1. Je descendy à l’hostel de la Lune chez un escuyer du comte qui s’appelloit Ernauton du Pin, lequel me receut moult joyeusement pour la cause de ce que j’estoye François. Ce sont les propres paroles de l’historien.