Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
DE JEAN FROISSART.

gnie. Messire Espaing du Lyon (c’est le nom du chevalier) était un homme de grande distinction[1] ; il avait eu des commandements considérables, et fut employé toute sa vie dans des négociations aussi délicates qu’importantes. Les deux voyageurs se convenaient parfaitement : le chevalier, qui avait servi dans toutes les guerres de Gascogne, désirait avec passion apprendre ce qui concernait celles dont Froissart avait connaissance ; et Froissart plus en état que personne de le satisfaire, n’était pas moins curieux des événements auxquels le chevalier avait eu part. Ils se communiquèrent ce qu’ils savaient avec une égale complaisance : ils allaient à côté l’un de l’autre et souvent aux pas de leurs chevaux : toute leur marche se passait en des conversations où ils s’instruisaient réciproquement. Villes, châteaux, masures, plaines, hauteurs, vallées, passages difficiles, tout réveillait la curiosité de Froissart, et rappelait à la mémoire du seigneur Espaing du Lyon, les diverses actions qui s’y étaient passées sous ses yeux, ou dont il avait ouï parler à ceux qui s’y étaient trouvés. L’historien, trop exact dans le récit qu’il nous fait de ces conversations, rapporte jusqu’aux exclamations par lesquelles il témoignait au chevalier sa recon-

  1. Froissart en parle souvent dans le 3.e et le 4.e livre de sa Chronique.