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DE JEAN FROISSART.

» Qui d’aventure ti vendront,
» Car pluisours choses t’avendront
» Entroes que tu seras en l’ombre. »
Lors li di : « Mettés moi ou nombre
» Hardiement des avisés.
» Et encor, se bien y visés,
» Vous savés que jadis y fui ;
» Il n’i a chambre ne refui
» Où dou temps passé esté n’aie,
» Espinette, pertuis ne haie ;
» S’en çognois assés les usages.
» Vous m’i verés entre les sages
» Bellement avoir et deduire. »
Dist Venus : « Je t’i voeil conduire.
» S’en seras de tant enrichis. »
Et je li respont : « Grant mercis ! »
Moult me sambloit jolis li tamps
Et au regarder delittans ;
Li airs seris et attemprés.
En bois, en jardins et en prés
Les herbelettes se poindoient ;
Qui près à l’un l’autre joindoient.
Rentrés estoit en sa caverne
Yvers, qui est larghe taverne
De pluie, de vent et de froit.
Estés habondamment offroit,
Et juroit en sa loyauté
Qu’il tendroit le temps en beauté ;
J’en vi les lettres de quittances :
Je vous dirai en quels istances.