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POÉSIES

Aux siens demanda : « Qui est celle
» De si noble et si friche arroi ? »
— « Fille est de Royne et de Roy
Ce respondirent si ministre.
Et Cupido lors aministre
Son arch ; et l’entoise et estent.
Et entroes qu’Acillès entent
À la pucelle regarder
Dont il ne se voelt retarder,
Une fleche ens ou coer le fiert
À qui nulle aultre ne s’affiert.
Moult dur navré d’illoec se part
Et se ne scet mie quel part
Il en puist garison avoir ;
Car son coer li fait à savoir
Qu’il est de grant folour espris,
Et s’a un grand oultrage empris
Quant il aimme celle, et bien scet
Que plus que nulle riens le het ;
Car il li a son frère mort.
Mès pour avis qui le remort,
Ne pour peril qu’à ses yeus voie,
Il n’en poet issir de la voie
Qu’il ne soit toutdis, sans sejour,
Pensans à celle nuit et jour.
Il s’en alitte, il s’en afame ;
Au Roy Priant et à sa fame
Envoie un messagier, qui met
Raisons avant, et qui prommet
Qu’il voelt estre leurs bons amis ;