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DE JEAN FROISSART.

» Par officyers et par gens
» Qui assemblent les grans argens
» Pour leurs enfans et pour leurs hoirs
» Et font faire les grans manoirs
» Où il se dorment et reposent,
» Et apainnes les seignours osent
» Dire quel chose il leur besongne.
» Mès quant il croist une besongne
» Pourfitable à ceuls dessus dis,
» Jà ne s’en ira escondis
» Ne marchéans ne couletiers.
» Il ont bien des seignours le tiers
» De tout ce qu’il ont de chevance.
» Ce grandement les desavance
» Et retrence leurs dons parmi.
» Quant bien g’i pense, he mi ! he mi !
» Je sui, foi que je dois mes ans !
» De tous bien faire si pesans
» Qu’à painnes puis je riens gloser.
» Pour Dieu laissiés moi reposer.
» Vous dittes que bons jours m’ajourne
» Et qu’en grant aise je sejourne,
» Je le vous accorde : à tant paix. »
Lors dist elle : « Se tu te tais
» Tu m’esmouveras en grant ire.
» Encores t’en voeil je tant dire,
» Et s’en poras bien valoir mains.
» Je te pri ; nomme nous au mains
» Les seignours que tu as véus
» Et dont tu as les biens éus