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POÉSIES

À l’oïr, et qui compte en font.
Pour ceuls servir mon coer tout font
En plaisance, et se m’i delitte
Que grandement j’en abilite
L’entendement et le corage,
De quoi nature m’encorage ;
C’est que je monstre et que je die
À quoi je pense et estudie.
Et je sui tous près d’obéir,
Ensi com vous porés véir.
Diex par sa grasce me deffende
Que nature jamès n’offende.
Jà fu un temps que l’offendi,
Mès le guerredon m’en rendi ;
Car elle qui esleve mot,
Sans ce qu’onques en sonnast mot,
Elle me fist, ci se miron,
Descendre ou pié dou sommiron.
Or y ot tant de bien pour mi,
Ensi qu’on dist à son ami,
Et qu’on ramentoit les grans plueves.
En jonece me vint cils flueves ;
Car s’en viellece m’euist pris
J’euisse esté trop dur apris.
Jonece endure moult d’assaus ;
Mès en viellece nuls n’est saus.
Pour ce fu dit en reprouvier :
En jone homme a grant recouvrier.
Si fui je esprit de grant anui
Si tos que je me recognui.