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POÉSIES

En bon estat et en bon point.
Dieu merci il ne falli point.
Et lorsque je fuis revenus,
À painnes fui-je descendus,
Quant devers celle je me trai
Qui de nos coers sçavoit l’atrai,
Laquelle moult me conjoï.
Ma venue le resjoy,
Et me demanda, merci soie,
Comment dou corps je le fesoie,
Et avoie aussi depuis fait.
« Certes, di-je, s’ai maint souhet
» Fait au lès, deça puis ce di
» Que me parti, et que vous vi.
» Et toutes fois, que fait madame ?
» Moult bien le voeil-je voir, par m’ame !
» Car en li est ma santé toute.
» S’ai depuis éu mainte doubte
» De li et mainte souspeçon,
» Je vous dirai par quel façon.
» Je m’estoie couchiés un soir
» Dessous mon chief le miréoir
» Que me donnastes au partir.
» Mès en dormant, sans point mentir,
» En un tel songe me ravi
» Que ma dame proprement vi ;
» Et liement la simple et douce
» Par trop beaus parler de sa bouche
» Me reconfortoit doucement ;
» Et fui assés et longement