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POÉSIES

Se saurai comment il li est.
Je croi que fortune me pest
D’aucune douce melodie
Qui me tourra à maladie ;
Car, se la belle au corps vaillant
Pour qui je me vois travillant
Trouvoie mariée ou morte,
C’est le point qui me desconforte,
Par le digne corps Jhesu Cris !
Mon testament seroit escrips ;
Je vodroie morir sans faulte.
N’ai pensée basse ne haulte,
Fors à ma dame que tant ains.
Dont joindi humblement les mains
Vers le ciel et fis ma proyere
Que ma très douce dame chiere
Peüisse à santé revéoir.
Adont baisai mon miréoir
Tout pour ma dame et pour s’amour
À qui Diex doinst joie et honnour !
Et laissai mon penser ester.
Je ne m’i volc plur arrester,
Et pris en bon confort le tamps.
Dieu merci je fui plus sentans
Finalment de bien que de mal.
Peu de chose en espécial
Reconforfe le coer d’amant
À toute joie me ramant
Mon songe, et bien y a raison.
Adont m’anoia la saison