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DE JEAN FROISSART.

» N’est nulle riens qui ne viegne à son tour.
» Se ta pensée

» Est en amours mise et enracinée
» Il ne sera ne soir ne matinée
» Que ne te soit toute joie ajournée.
» Onques ne fu t’amour en riens fraudée ;
» Mès je tous jours bel servie et loée,
» Cremue en foi, prisie et honnourée.
» Or t’en sera l’uevre guerredonnée
» Sans nul delay ;
» Ne me veras de ce pourpos muée
» Pour parolle de créature née,
» Pour fortune qui mal est avisée ;
» Car en ton bien telement il m’agrée
» Que chose que je voie riens ne m’effrée ;
» Car en la vie amourouse et discrée,
» Ai mis mon coer et toute ma pensée,
» Saces de vrai.

» Conforte toi en ce que te dirai.
» Secretement tous les jours amé t’ai,
» Mes onques mès de ce ne te parlai.
» D’or-en-avant je le te monsterai ;
» Et croi ensi que je le te dirai.
» Si tretos comme je parler t’orai ;
» Car je t’ai mis en tamaint grant assai
» Par mainte fois ;
» Mès onques jour, certes, ne te trouvai
» Fors très loyal. La vois t’en porterai
» Et le renom quel part que je serai.
» Tu te dois bien donques ester d’esmai,