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DE JEAN FROISSART.

Joiouse merancolie
Qui tient la pensée lie
Et le temps fait oublyer
Sans soussi et sans envie ;
On doit amer etc.
Et moult souvent souhedier
Qu’on soit avec son amie
Pour maintenir gaie vie ;
On doit etc.


Ce rondel recordai-je assés.
Entroes fu le lait temps passés.
Dieu merci ! à bon port venimes
Par vent, par singles et par rimes,
Et arrivans en une terre
Qui plus het la paix que la guerre.
En ce pays n’i venoit nuls
Qui ne fust le très bien venus,
Car c’est terre de grant deduit ;
Et les gens y sont si bien duit
Que tout-dis voelent en joie estre.
Dou temps que je fui en leur estre
Il m’i plot assez grandement,
Je vous dirai raison comment :
Avec les seignours et les dames
Les damoiselles et les fames
M’esbatoie très volontiers ;
De ce n’estoie pas ratiers ;
Et aussi saciés qu’à ma dame
Pensoie si souvent, par m’ame !