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POÉSIES

Mon pourpos, ains perseverai.
Et que fis-je ? je le dirai.
À la damoiselle m’en vins
De mon aler parlement tins ;
Et elle le me loa bien
Pour ma santé et pour mon bien :
« Car d’un homme tout-dis avoir
» À l’ostel, ce n’est pas savoir.
» Et entroes que vous serés hors
» Ne poet estre qu’aucun recors
» Ne seront de vous, moi à elle. »
« Voire, di-je, ma damoiselle !
» Mes entroes que hors je serai
» Et que ceste point ne verai
» Dont tant me plaisent li regart,
» Que ferai-je ? se Diex me gart !
» Il faut que vous me conseillés. »
« Ha ! dist-elle, ainçois qu’en ailliés
» Tel chose arés, se Diex m’avance !
» Où vous prenrés tres grant plaisance. »
S’elle le dist pas n’en falli.
Lendemain je revinc à li ;
Mès elle m’ot tout pourvéu,
Ce dont gré li ai puis scéu.
« Tenés, dist elle, je vous baille
» Ce miroir ; et saciés sans faille
» Que ceste qui n’est pas irée
» Si est jà par trois ans mirée ;
» Si l’en devès plus chier tenir. »
— Donc li di : « Diex vous puist benir,