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POÉSIES

Pour qui je sui entrés en queste.
Or doinst que sa grasce conqueste
Car je m’afiche
Que se j’estoie roi d’Aufriche,
Duc de Baivière et d’Osteriche,
S’en feroi-je ma dame friche
Honneur et feste.
Las ! mès je croi qu’elle, à trop nice
Tient mon langage et mon servisce ;
Et pour ce sus moi, quoi qu’en dice
Si peu s’arreste.

Je ne sui pas de taille digne
Pour amer chose si benigne
Com est ma dame feminine,
Mès j’en accuse
Amours qui a mis la racine
Dedens le coer et qui m’encline.
À s’amour or en determine ;
Car je m’escuse
Par lui ; ci ne fault nulle ruse.
Je sçai bien comment mon temps use.
On me debat, on me refuse,
On me hustine ;
C’est ce pourquoi je pense et muse.
Trop est pités pour moi repuse.
Pour moi m’est-elle si rencluse
Ne si estrine.

Quant et que loyauté ne voeil
Servir et cremir bel acueil,