Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/269

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
DE JEAN FROISSART.

Mès jà à lui ne sera sers
Vaille que vaille

Me poet-on croire à ma parolle ?
Oïl, car on dist à l’escole
Que la bouche dou coer parolle.
Certes ce fait.
Vois de la mienne n’ist ne vole
Que mon coer ne le jette en mole,
Et sent bien s’elle est sage ou folle,
Ains le retret ;
S’elle est bonne en avant le met,
Se non par derrière le let ;
Mès je sçai bien tant qu’à ce fait
Qui me console
Dou millour dou coer l’ai estret
Tout ce que j’ai dit et retret,
Et bien paroie dou parfet
Emplir un rolle ;

Comment je vif, comment je sui,
Comment je senc painne et anui,
Et si n’en sçai pas bien à qui
Prendre conseil.
À ma dame, non à autrui,
Deuisse monstrer mon annui,
Car premiers par li mis je fui
En ce travel,
Ne Phebus, le Dieu dou soleil,
Pour Dane n’ot ains le pareil
Que je reçoi. Si m’esmerveille