Page:Froissart - Poésies (1829).djvu/267

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
DE JEAN FROISSART.

Et que la mort pour moi labeure
Qu’estre entrepiés.
Il n’est confors qui me sekeure,
Ne qui pour moi aidier akeure
Et mon las coer quï tous jours pleure
Si est playés
D’un ardant dart qui fu forgiés
D’un douls vairs yex, plaisans et lies.
Or n’est boires, tant soit heties
Qui me saveure
Ne par qui soit assouagiés
Le soif que j’ai, qui m’est si griés.
Boire me fault, dame ; or m’aidiés
Il en est heure.

Or ai-je demandé à boire
Et que ma demande soit voire
On m’en poet loyalment bien croire,
Que grant soif j’ai.
Mais ce n’est pas de vin d’Auçoirre
De saint Poursain ne de Sansoirre,
Tant soit clers ne frians en voire
Ne de goust gai ;
Ains est d’un simple parler vrai
Qui viegne dou coer. Je n’aurai
Bien jusqu’à tant que je verai
Venir bon oirre
Ce parler qui m’oste d’esmay
Et lors le soif estinderai
Que j’ai si grant. Certes je fai
Bien à concroire.