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POÉSIES

Mès Dane n’acontoit deus pains
À ses anois,
Ains s’esbatoit pour ce nient-mains
Que Phebus fust pour li d’estrains.
Avint qu’un jour chaçoit aux dains.
Dont celle fois
Regarde et voit Dane ens el bois.
Vers li s’en vint, et com courtois
Se le salue ce fu drois
Et joint ses mains ;
Et quant Dane en oy la vois,
Elle ne dist pas : « Je m’en vois. »
Mès tantos s’en fui en vois,
Quanque pot ains,

Parmi le bois tout le grant cours.
Moult li sembloit li termes cours
Qu’avoir peuist aucuns secours
De la Déesse
Dyane, à qui elle tous jours
Prioit et faisoit ses clamours ;
Et li disoit : « Tous mes retous,
» Dame et maitresse,
» Sont en vous. Dont par vo noblece
» Ne consentés que jà me blece,
» Phebus, car je en suis en esce ;
» Trop m’est en tours ;
» Et se je fui tout pour lui es-ce
» Car onques d’amer n’oc la tece,
» Ne onques ne senti la flece
» Au Dieu d’amours. »