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DE JEAN FROISSART.

» Ou je muir ! » On ne m’en volt croire,
Ains mes gardes se teurent quoi ;
Et je, par grans desir dis : « Quoi !
« Me laïran de soif morir ! »
En cel ardour, en ce desir,
M’ala souvenir de ma dame ;
Lors m’alai acoisier, par m’ame !
Et pris fort à penser. Nient-mains
Sus mon orillier mis mes mains.
En ceste ardour qui me tenoit
Mains pensers devant me venoit.
Là ordonnai une complainte
D’amours, dont en veci la plainte.

La complainte de l’amant.

À boire ! à boire ! le coer m’art.
Car ferus est d’un ardant dart ;
Pour ce desire tempre et tart
Boire à foison ;
Car la flame par tout s’espart.
Jà est bruïs plus que d’un quart,
Et se n’i sçai voïe ne art
De garison,
Ne medecine, ne puison,
Car touchiés est dou droit tison
Dont Cupido, une saison,
Se Diex me gart
Feri Phebus en l’oquison
De Dane à la clere façon.
Or ai juste comparaison
Pris pour ma part,