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DE JEAN FROISSART.

d’Anne[1], dans des vers énigmatiques qui font partie de ses Poésies. On pourrait présumer que cet amour si vif et si tendre eut le sort de presque toutes les passions. Froissart parle dans un de ses rondeaux, d’une autre dame qu’il avait aimée, et dont le nom composé de cinq lettres, se rencontrait dans celui de Polixena[2] : ce pourrait être une Alix qu’on écrivait anciennement Aélix. Il y a lieu de croira qu’il en eut une troisième appelée Marguerite, et que c’est elle qu’il célèbre indirectement dans une pièce[3] faite exprès, sous le titre, et à l’honneur de la fleur de ce nom. Peut-être chercha-t-il dans des goûts passagers quelque remède à une passion, qui, selon lui, fut toujours malheureuse. Du moins nous savons que

  1. … Plaisance m’a accusé
    À dire tout ce que je di :
    Autrement ne m’en escondi,
    Mais tellement nous pense mettre,
    Sans nommer nom, sournom ne lettre,
    Que qui assener y saura,
    Assez bon sentement aura ;
    Non pour quant les lettres sont dittes
    En quatre lettres moult petittes.
    Entre nous fusmes, et le temps
    Si venir y volés à temps,
    La trouverez n’en doutés mie,
    Pour congnoistre amant et amie.

    Dans les quatre lettres qui forment le nom de Jean que portait Froissart, on trouve celui d’Ane.

  2. Ballade à la page 316 de ses Poësies manuscrites.
  3. Dittie de la flour de la Margherite.