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DE JEAN FROISSART.

» Et mieulz ne me puis avancier
» Mon nom, ne mon fait exaucier
» Que par estre vrais amourous
» Et à lui servir curious. »
Ensi à par moi devisoie
Et à Venus forment visoie,
Et concevoïe sa beauté ;
Sa parolle et sa loyauté ;
Mès de ce qu’elle esvanuie
Estoit de moi, forment m’anuie.
Trop ert de moi briefment partie.
Et se ne sçai en quel partie
Elle ert retrette ne tournée.
J’ai depuis tamainte journée
Alé aux champs mon corps esbatre,
Mès onques ne me poc embatre
À tele heure com lors je fis.
Dont puis, tenus m’en sui mains fis ;
Et ai dit depuis, pluisours fois,
En champs, en gardins et en bois,
Pour ce que point ne li véoie,
Vraiement que songié avoie.
Songes n’est fors que vinne chose ;
Fols est qui vérité y pose.
Mès quant j’avoïe tout visé,
Et ce pour songe devisé,
Et je pensoïe au temps présent
Dont Venus me faisoit présent,
Je disoïe, par salut François !
Que m’aventure estoit ançois