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POÉSIES

» Obéiras et cremiras ;
» De tout ton coer tu ameras,
» Car amour ne vault nulle rien
» Sans cremour, je le te di bien ;
» Et tant t’en plaira l’ordenance
» Et la douce perseverance
» Que de foy, de coer et de sens
» Diras à par toi en ce temps,
» Plus de mille fois la sepmainne,
» Qu’onques tele ne fu Helainne
» Pour qui Paris ot tant de mauls.
» Or, regarde se plenté vauls
» Quand je te donne don si noble.
» Il n’a jusque Constantinoble
» Emperéour, roy, duc ne conte,
» Tant en doie-on faire de conte,
» Qui ne s’en tenist à payés.
» Mès je voeil que tout ce ayés,
» Et que perseverés avant.
» En tout ce que j’ai dit devant. »
Et je, qui fui en coer souspris
Et esbahis, à parler pris,
Moult simplement et tous donbtieus
Contre terre clinans mes yeuls ;
Ce fu raisons, car jones d’ans,
Estoie encor et ignorans,
Et si n’avoïe pas apris
À oyr chose de tel pris,
Ne à recevoir tel present
Dont Vénus me faisoit présent