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POÉSIES

» Si fu Paris nices et lours
» Quant il donna la pomme aillours,
» Et pour un peu de vanité
» Perdi proece et dignité.
» Mieuls li vausist éu avoir
» Possessions et grant avoir
» Que l’amour de la belle Helainne ;
» Ce ne prise-je une lainne.
» Son père, si frère et sa mère
» En furent mort de mort amère,
» Et bien vint mille chevalier
» En fist-on en armes taillier ;
» Et aussi tamaint millier d’omm ;
» Ce fut une trop male pomme,
» Et pour Troyens chier vendue ;
» Et amours povrement rendue
» Que Venus li guerre donna ;
» Car par ce la guerre donna
» Et une povre confiture
» Par mortele desconfiture
» Aux Troyens, qui li plus monde
» E li plus preuvèrent dou monde.
» Et tu, qu’en dis ? or respons ent. »
« — Ha ! chiers sires, di-je, comment
» Vous sauroi-je de ce respondre,
» Ne bien la vérité expondre,
» Car je sui de sens ignorans
» Et de peu d’avoir seignourans. »
Et Mercures lors me regarde
Et me dist : « Prens tu dont là garde ;