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POÉSIES

Et coers loyaus qui l’enracine
En soi, et point ne s’outre-cuide
N’i poet avoir l’entente vuide
Qu’il ne soit gais et amoureus,
Et aux biens faire vertueus.
Car qui n’aimme ou qui n’a amé,
Quoi qu’on ait l’omme en ce blasmé,
Jà n’aura vraie cognoissance,
Ne en bonnes vertus puissance.
Mès les aucuns ensi opposent
Qu’il sont amé, puis qu’amer osent.
Nennil, Amours de celle part
Ne prendera jà au coer part
Qui le voelt par cuidier avoir ;
Oultre-cuidance est non savoir,
Et pour ce ne s’i doit nuls mettre
Qui d’amer se voelt entremettre.
Dont ensi, pour mieulz confremer
Le fait dont vous voeil enfourmer,
J’ai dit qu’amours est sens et vie
Qui s’i gouverne sans envie.
Ensi le croi, pour ce le pris
Tant à valour, honnour et pris,
Que, d’exposer tout son afaire,
J’auroie grandement à faire.
Nom-pour-quant dedens ce dittier
Mon fait tout plain et tout entier,
Qui sus l’estat d’amours se trette,
La vérité en ert retrette ;
Et tout pour l’amour de ma dame,