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JUGEMENT

cipaux, où naturellement elle devait être plus marquée.

L’avénement de Philippe de Valois à la couronne, avait révolté toute l’Angleterre, qui adopta les prétentions chimériques du roi Édouard III. La circonstance était délicate pour un historien qui, vivant au milieu d’une cour et d’une nation si fortement prévenues, ne voulait cependant point s’écarter de son devoir. Or voici les termes dans lesquels Froissart fait le récit de cet événement. Après avoir rapporté la mort des rois Louis Hutin, Philippe le Long et Charles le Bel, les douze Pers, dit-il, et les barons de France ne donnèrent point le royaume de France à leur sœur qui étoit royne d’Angleterre, pour tant qu’ils voulaient dire et maintenir, et encores veullent, que le royaume de France est bien si noble qu’il ne doit mie aller à femelle ne par consequent au roy d’Angleterre son aisné fils ; car, ainsi comme ils veulent dire, le fils de la femelle ne peut avoir droit de succession de par sa mère venant là où sa mère n’a point de droit. Si que par ces raisons les douze pers et les barons de France donnèrent de leur commun accord le royaume de France à monseigneur Philippe, neveu jadis au beau roy Philippe de France dessusdit et ôtèrent la royne d’Angleterre et son fils de la succession du dernier roy Charles. Ainsy alla le royaume de France hors de la droite ligne, ce semble à moult de gens ; de quoy grands