Page:Froissart - Méliador, tome 3.djvu/64

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
59
Méliador

« Ançois que vous puissiés partir
23765 « De moy, il le me fault aprendre.
« Ossi, je vous en vorrai rendre
« .I. ou .ii. avant no depart. »
Respont Floris : « Diex y ait part.
« Sire, je sui certainnement
23770 « Dou tout en vo commandement. »
De puis n’i eut trop de parolle,
Quant la vint une grant carolle,
De paysans que Lansonnès
Amenoit parmi uns marès,
23775 Pour lever le dit chevalier
Qui gisoit mort dessus l’erbier.
Tost furent venu jusc’a la.
Adont Melyador parla
Au mieulz qu’il sceut en leur langage,
23780 Et leur dist : « Bonhomme sauvage,
« Je vous carge sus vostres vies,
« A tout ce ne faurriés vous mies,
« Se ce chevalier qui la gist,
« Et qui en bataille se mist f. 175 c
23785 « Orains a l’encontre de moy,
« Vous ne mettiés sans nul desroy
« En sainte terre incontinent. »
Et cil respondent vraiement :
« Monsigneur, ensi le ferons,
23790 « Car grandement tenu y sons.
« C’estoit nos sires, et ses freres,
« Et otant bien le fu leurs peres. »
Melyador, qui leur commande,
Apriès ces parlers leur demande
23795 Se li pas est bien acquittés,
Et il dient : « Sire, entendés.
« Oïl, car nulz encontre vous
« Ne se met. Vous n’arés de nous
« Nul encombrier ; Diex nous en gart ! »