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ARMORIAL

grace luy avoit Dieu donnée que nul ne se pouoit saouler de l’escouter et d’estre en sa compaignie. Et moult fut aymé des dames en son temps, et souvent disoit que nul chevalier ne viendroit a grant chose s’il n’aymoit par amours. Il portoit en ses armes d’asur a treize couronnes d’or, et pourtoit les treize couronnes pour achoison de .xiii. royaumes qu’il conquesta. De telles façons et meurs estoit le roy Artus comme je vous ay devisé et telles armes portoit[1].


Post-scriptum. — M. Gaston Paris m’apprend qu’une partie de l’œuvre que je viens de décrire a été, il y a trois ans, l’objet d’une luxueuse publication, tirée à cinquante exemplaires seulement et que son auteur, le comte A. de Blangy, a intitulée La forme des tournois au temps du roy Uter et du roy Artus, suivie de l’Armorial des chevaliers de la Table Ronde (Caen, 1897, in-4o). Le livre comprend 74 pages de texte, plus 150 feuillets donnant la reproduction en chromolithographie de 150 blasons, xvii pages renfermant la « Table alphabétique des noms des chevaliers de la Table Ronde, avec la description de leurs armes et blasons », et enfin un feuillet de table générale.

M. de Blangy interprète autrement que je ne l’ai fait l’épître liminaire ci-dessus reproduite. Pour lui, le titre de prince de Vienne ne saurait désigner que le dauphin de Viennois, fils de Louis XI, depuis roi sous le nom de Charles VIII, et c’est là d’ailleurs l’opinion qu’exprimait dès 1648 Vulson de la Colombière, qui, contrairement à toute vraisemblance, attribuait le formulaire des tournois de la Table Ronde au roi René[2]. Quant à l’auteur même de la lettre d’envoi et du livret, M. de

  1. J’emprunte ce texte au manuscrit français 12597 (fol. 1 ro à 2 vo) qui, aussi bien que les manuscrits français 1435, 1437 et 1438, a transposé les deux parties dont se compose le livre de Jacques d’Armagnac.
  2. Vulson de la Colombière, Le vray théâtre d’honneur et de chevalerie, t. I, p. 39.