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Méliador

« Et les coses tres mervilleuses,
25935 « Puis que vous estes chevaliers.
« Sejourner ne poet li mestiers
« D’armes que li corps mains n’i vaille.
« Li rois Artus mies ne baille
« Ses paumées et ses bienfais
25940 « As chevaliers telz et si fais
« Que je vous voy, ce poise moy,
« Mais les donne et savés pour quoi ;
« Pour avancier chiaus qui desirent
« A valoir et qui a bien tirent.
25945 « N’estes vous filz au roi d’Irlande ?
« La terre est estendue et grande,
« De quoy vous estes hiretiers,
« Mais se vous n’estes chevaliers
« Preus et hardis, oultre l’ensengne,
25950 « Cil bon chevalier de Bretagne
« Le vous torront et a bon droit.
« Car je vodroie, puis c’on voit
« .I. lasque signeur tenir terre,
« C’on li tolsist par bonne guerre :
25955 « Ensi en avenra de vous.
« Ne vous souvient il, dittes nous,
« Comment de nuit, a Duvelin,
« Vous vous mesistes au chemin f. 191 c
« Avoech moy, et par grant priiere,
25960 « Pour mieulz aprendre la maniere
« Des armes, le tour et l’afaire ?
« Or vous a volut cilz rois faire,
« Par la grant noblece de li,
« Tant d’onneur, on le voit ensi,
25965 « Que chevalier et retenu,
« Donné hÿaume, espée, escu,
« Lance, cheval et tel harnois,
« Que doit avoir chevaliers drois,
« Qui se voelt faire renommer