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Méliador

Quant tout fu fait et bien et biel, f. 87 a
Li .i. a l’autre congiet prisent,
Puis se desancrent et si brisent
Les ondes de la mer parfonde.
11775 Jusc’a la journée seconde
Ne partirent li maronnier
De Montrose pour traire arrier ;
Mais li pescheour lors partirent,
Qui devers Abredane tirent.
11780 Toutdis vont costiant la terre.
Melyador leur va enquerre
Se il sont lonch de Cornuaille,
Et chil li respondent, sans faille,
Qu’il y a bien ou environ
11785 Trois .c. liewes au naviron.
Ceste response ne plaist pas
A Melyador qui tout bas
En parolle a son escuier
Et dist : « Bien me doit anoiier,
11790 « Quant Fortune m’est si contraire,
« Que je ne puis estre ne traire
« Pour aventure qui m’aviegne,
« Ne com bons que li temps me viegne
« A ce tournoy, devant Tarbonne.
11795 « Pas ne parti a heure bonne
« De Montrose l’autre sepmainne. »
Lansonnès, qui point ne demaine
Ceste parolle longement,
Li respont assés doucement :
11800 « Sire, il couvient tout en gré prendre
« Ce que temps voet saisir et rendre. »



Tant ont singlet li maronnier
Aval vent, sans yaus fourvoiier,
Qu’il sont venu a Abredane,