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Méliador

En ceste nef ot maronniers f. 85 c
Bons, et segurs et avisés,
11570 Et qui scevent de mer assés
Pour aler jusques en Cartage.
Melyador, de bon corage,
Prist congiet a la jone dame,
Et li dist au partir : « Par m’ame !
11575 « Dame, veci vo chevalier.
« Se besongne vous croist arrier,
« Soit d’empecement ou de guerre,
« Si m’envoiiés, ou que soit, querre.
« Je vous venrai tres liement
11580 « Servir et aparlliement :
« De ce ne vous couvient doubter. »
Et Florence prist a plorer
Et dist : « Sire, .vc. mercis.
« Je pri au vrai corps Jhesucris,
11585 « Qu’il vous gouverne et qu’il vous ait
« En garant. » A ces cops le lait
Et s’en retourne tout plorant,
Et Melyador part errant
Dou rivage sans atargier,
11590 Et desancrent li maronnier ;
Si se mettent lors aval vent.
Ce premier jour, a leur talent,
Eurent le vent et la marée,
Dont la Saverne grande et lée
11595 Passerent et en mer se misent.
Entrues que maronnier devisent
Entre yaus et c’a leur nef entendent,
Et que cordes tirent ou tendent,
Melyador ailleurs entent
11600 A faire de bon sentement
Quelque cançon bonne et nouvelle,
— A ce faire nullui n’appelle. — f. 85 d
Ce fu uns rondelès jolis :
Tantost fu fais et tantost dis.