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Méliador

« Contre li. M’y porai je embatre
« Quant je voy, et s’en sui tous fis,
« Qu’il a mes freres desconfis ?
« Il faut bien que conseil en aie,
11360 « Se la irai ou le delaie.
« Vérités est, se je demeure
« Que grandement me deshonneure ;
« Et, se g’i voi oultre mon coer,
— « Cela ne ferai je a nul fuer — f. 84 a
11365 « Trop plus deshonnourés seroie,
« Se mors ou prisons demoroie.
« Or faut il donc que je m’avise,
« Car ensement va li devise
« Que me combate ou que me rende. »
11370 Adonc trop son conseil amende
Cilz Madrigais, a ceste fois ;
Il dist ensi, a basse vois :
« Se faire pooie une cause
« Devers la dame de Montrose
11375 « Et devers le bleu chevalier,
« Que si bien peüsse trettier
« Que mi trois frere revenissent,
« Par mi tant que il le tenissent
« Et moy a pais, a tous jours mes,
11380 « Ce seroit li plus cortois fes,
« Et assés li plus honnourables
« Pour nous, et li plus amiables
« Pour elle, c’on y puist taillier. »
Sus ce pourpos va abillier
11385 .I. chevalier et .i. hiraut,
Et de tout ce que dire fault
Pour esploitier en tel besongne
Les carge, sans point de mençongne.
Il se partent de Madrigai,
11390 Qui n’a mies le coer trop gai,
Et chevauchent vers le chastiel.