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Méliador

« Certes, dame, ci me tenés
21035 « Ensi c’un oiselet en gage.
« Si ne me laissiés mon langage f. 155 b
« Perdre, car tous li cuers y est
« Et, se plus avant il vous plest
« Ces paroles prouver en voir,
21040 « Vous devés, ma dame, savoir
« Que, soit ou a .i. ou a .ii.
« Chevaliers bien enventureus,
« Je moustrerai ce que sçai faire. »
Lors s’ala Agamanor taire,
21045 Et Phenonée le regarde,
Qui ossi .i. peu se retarde.



Ce n’est mies trop grant merveille
Se Phenonée s’esmerveille,
Quant elle ensi se voit priie
21050 En signe de grant courtoisie
Pour s’amour avoir, et d’un homme.
Tout ce li samble .i. grant fantomme,
Et ne scet mies que respondre.
Toutes fois sens l’ala semondre
21055 Pour parler ; si dist en basset :
« Vostre parole voir me met
« En doubtance, et ne sçai pour quoi.
« Vous partirés .i. peu de moy
« Et irés en la cambre arriere,
21060 « Par devers nostre camberiere ;
« Sempres vous ferai rappeller. »
Cilz n’osa dire, c’est tout cler,
Dou non ; mais dist : « Ma chiere dame,
« A vo commandement, par m’ame. »
21065 A ces parolles s’est retrais
Et ot la camberiere trais,
Qui moult bellement le recueille.