Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/338

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
334
Méliador

 

20690
Or vous dirons d’Agamanor.
Il s’en est retournés des lor
Qu’il se fut partis dou dit bois
A son hostel a ceste fois.
En sa cambre s’est enfermés ;
20695 La s’est longement demenés
En plusieurs lamentations,
Et dist : « C’est men ententions. f. 152 d
« J’ai tout perdu par ma folie
« Et desciré chevalerie
20700 « Laidement, de quoi je vail mains.
« A painnes que je n’ars les mains
« Qui scevent telz coses ouvrer,
« Qui me font ensi abuser
« Et penser c’une tele dame
20705 Comme est Phenonée, par m’ame,
« S’enamourast pour mon ouvrage.
« Elle a bien plus hautain corage
« Que de mettre en .i. menestrel,
« Et s’a bien dedens son hostel
20710 « Grant conseil, il n’est mies doubte.
« A ! Bertoulet, ma painne est toute
« Perdue, a ce que je puis veoir.
« Je deuisse bien au mouvoir
« Estre avisés, par tel maniere,
20715 « Comment a une camberiere
« Je seroie recommendés.
« Je cuidoie bien estre telz
« Que Phenonée me deuist
« Conjoïr, et qu’elle volsist
20720 « Savoir de moy mieulz le certain,
« Et qu’elle m’euist par le main
« Pris et menet par tout esbatre ;
« Et adonques, sans rien rabatre,
« Quant j’euisse veü le temps,