— « Or me dittes, tres douce amie,
« Disoit il riens, quant il estoit
« En ce point ou il s’arrestoit ? »
— « Certes, nennil, tant qu’il fu la,
« Moult petit, sachiés, il parla.
« Et toutes voies, au partir,
« Je n’en vodroie point mentir, f. 152 c
« Il voloit que je retenisse
« Les deniers et que les euisse
« A mon pourfit ; c’estoit s’entente. »
Luciienne assés se contente
De cel estat, et dist en l’eure
A sa cousine : « Je saveure
« Plusieurs imaginations
« Sus ces fais et sus ces raisons.
« Et vous di que c’est mon pourpos :
« Ou il est gentilz homs ou folz.
« Si le faudra a son retour
« Aviser de nuit ou de jour,
« Et telement examiner
« C’on sace a quoi il voet penser. »
Plus n’i eut la ne dit ne fait,
Aresté se sont sus ce fait.
Mais Phenonée forment prise
Le drap, c’est drois que j’en escrise.
Priès que tout le jour le regarde ;
En regardant vis est qu’elle arde,
Tant est d’amours enamourée.
Pas ne dist toute sa pensée
Ses coers, qui est d’amours laciés,
A sa cousine, ce saciés,
Quoi qu’elle li die a le fie
Ses secrés, car bien s’i confie.
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