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Méliador

Li dus, et par bonne ordenance,
Que sa fille a le fois disoit,
Quant assés lamenté avoit :
19530 « Melyador, Melyador,
« Biau frere, je n’ai point encor
« Esté ou bois ou vous venistes,
« Quant de ce pays partesistes.
« Mar vous vi tournoiier si bien ! »
19535 Sus cel art et sus cel engien
Fu la Phenonée envoiie,
Avoecques li toute mesnie
Apparillie pour servir.
Tous les jours le viennent veïr,
19540 Par affection tres courtoise,
Li dus Patris et la ducoise.
Et Luciiene sa cousine,
Comme gracïeuse et benigne
Li aministre doucement f. 144 b
19545 Ce qu’il li fault certainnement,
Et bien perchoit, c’est ci consaulz,
Que Phenonée a ces assaus
Par bien amer oultre mesure.
Et adonques la li mesure
19550 Luciienne trestout son tamps,
Et dist : « Voir j’ay esté sentans
« Tel mal que vous avés, cousine.
« Si n’en soiiés noient estrine
« De moy dire dont il vous vient,
19555 « Car je sçai moult bien qu’il vous tient
« Au coer, et ja n’en garirés
« Jusc’a tant que dit le m’arés.
« Dittes, dittes, hardiement,
« Et je vous prommech loyaument
19560 « Que ja, a pere ne a mere
« Que vous aiiés, c’est cose clere,
« Je n’en parlerai sans vo gré.