Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
293
Méliador

N’est pas en bon point, ce dist elle ;
S’en est triste, c’est bien raison.
Adont l’a mis a question
19290 Pour savoir de li le certain,
Mais celle ne li conte grain
La verité dont li maulz vient,
Qui entours son joli coer tient ;
Mais li dist tout a la reverse.
19295 N’a femme qui o lui converse
A cui elle en die noient.
Si se mourdrist certainnement,
Mais saciés que elle aultre cose
Pour sen honneur faire n’en ose.


19300
Ce n’est pas cose moult courtoise
Au dit duc et a la ducoise,
Quant elles voient en tel point
Leur fille, qui les nuis nul point
Ne poet dormir ne reposer ;
19305 Et se ne scevent sus gloser,
Ne dont li vient ceste matere. f. 142 c
Saciés, au pere et a la mere
Desplaist forment li ordenance,
Car leur fille tendrete et blance
19310 Voient amenrir de santé.
A celles qui plus l’ont hanté
Demandent tout secretement
De sa vie, mais nullement
Elles n’en scevent mais que dire,
19315 Fors tant qu’elles l’ont veü rire
A le fois et tant dire encor :
« Ha, biau frere Melyador,
« Pour vous reçoi grant penitance !
« Trop mieulz me vausist l’esperance
19320 « A avoir c’avantier avoie,