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Méliador

« Si fort ne si destroitement,
« Ce sai je tout certainnement,
« Et si n’en ay fors que les haires,
« Car vous a moy ne pensés gaires
16805 « Et ossi ne fait vo cousine,
« Si com j’en ay veü le signe.
« Tost sont femmes en brief muées ;
« Ensi que vens vont leurs pensées.
« Creü n’euisse point orains,
16810 « Pour tout l’avoir qui est a Rains,
« Que Florée m’euist ce fait. »
Adont sus cel estat le lait
Melyador tout courouciés,
Et s’en est venus de reciés,
16815 La ou il vit la grignour presse,
Et a veoir les danses presse,
Qui estoient ja commencies [1]
A tel son de menestraudies,
C’on ne pooit la oïr goute. [2]
16820 Or est Florée entrée en doubte [3]
Qu’elle n’ait trop mal respondu.
Trop se repent quant attendu
N’a plus et parlé a cel homme. [4]
Si pensieue est en fin de somme, [5]
16825 Que elle en piert la contenance, [6]
Et s’en met en tele ordenance [7]
Que sa cousine s’en perçoit. [8]
Vers li vint ou elle le voit [9]
Et li dist : « Que vous fault, cousine ? »
16830 Et ceste, qui fu toute estrine, [10]

  1. 16817 commencies, A coumenchies.
  2. 16819 goute, B goutes.
  3. 16820 doubte, A doupte, B doubtes.
  4. 16823 cel, A cest.
  5. 16824 en fin, A B la fin.
  6. 16825 la contenance, B moult contenance.
  7. 16826 Et s’en met en tele ordenance, A Et se met la telle ordenanche.
  8. 16827 perçoit, A perchoit.
  9. 16828 Vers li vient, A Viers lui vint.
  10. 16830 ceste, A celle.