Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/153

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
149
Méliador

Et voit que sa cousine met
Grant entente au regarder sus ;
Adont ne le manoie plus. f. 106 c
Et Florée pas ne le let,
14420 Mais demande, de l’anelet,
Qui li donna et dont li vint.
« Pour quoi ? » dist celle qui le tint
Encores par dedens son doy.
« Uns merceniers, en bonne foy,
14425 « Qui l’autre jour passoit par ci,
« Le me donna et me vendi
« Des jeuelès qui ceens sont. »
Et Florée le prent adont
Par le main, et dist : « Ma cousine,
14430 « Cest anelet, se Diex m’estrine,
« Fis je faire, ouvrer et forgier,
« Et le donnai au chevalier,
« Quant il parti de mon hostel,
« Qui occist monsigneur Camel
14435 « Par sa grande chevalerie.
« Et pour ce je merancolie
« Sus cel aniel, j’ai bien raison,
« Car il n’a pas longe saison
« Que cilz se parti de Montgriès. »
14440 Lors le regarda de plus priès
Et dist : « C’est il, pas n’en fai doubte. »
Et Hermondine, qui est toute
Esmervillie dou parler,
De son doy lait l’aniel aler
14445 Et a sa cousine le baille.
Quant Florée le tint sans faille,
Elle demanda a Hermondine :
« Or me dittes, chiere cousine,
« Veïstes vous onques dedens ? »
14450 Et celle respont, par grant sens :
« Certes, nennil. Pour quoi ce dittes ? »