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Méliador

14380 « Et euist vostre oncle occis voir,
« Mon pere, et tolut ma contrée,
« Et plainnement deshiretée
« Par son orguel et son oultrage,
« Se je n’i euisse avantage f. 106 b
14385 « Consideré sur son pourpos.
« Certes, cousine, il fu moult os,
« Oultrageus et fist grant folie,
« Quant onques en jour de sa vie
« Pensa a vous par nulle voie.
14390 « Car, bien sçai et si le savoie,
« Que pas n’estoit cose pareille
« De vous a li, et m’esmerveille
« Comment tant vous en poés dire ;
« Mais conscience vous y tire.
14395 « Ceste escusance avés pour vous,
« Car je pense que vos coers doulz
« A li amer ne pensa onques. »
Hermondine se taist adonques,
Et tout a par li s’esbanoie
14400 A ce que l’anelet manoie,
Que Melyador li donna ;
En son doy .iii. tours le tourna,
Car au veoir prendoit plaisance.
Quant Florée en vit l’ordenance,
14405 L’anelet recogneut tantos,
Car elle l’eut a ce pourpos
Fait forgier pour Melyador.
Li anelès estoit tous d’or
Et ouvrés de bonne maniere.
14410 Pas n’en osta a la premiere
Fois, n’a la seconde, ses yeulz ;
Moult y pensa, si m’aÿt Diex,
Comment il pooit la venir.
Hermondine, sans li tenir
14415 En pais, tournioit l’anelet,