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Introduction

scription divisionnaire du diocèse : au xive siècle, en effet, les rôles diocésains évaluent à 40 livres tournois le revenu net de la cure d’Estinnes-au-Mont, tandis que celui du doyen capitulaire de Lobbes, le plus gros bénéficiaire de la contrée, n’est pas jugé supérieur à 56 livres[1].

Froissart était donc fort convenablement pourvu et les dix années qu’il passa dans la cure d’Estinnes-au-Mont furent certainement les plus paisibles de sa vie. Consacrant alors à la poésie la plus grande partie des loisirs que lui laissaient l’accomplissement de ses devoirs de pasteur, il acheva en 1373, dans cette calme résidence, le poème intitulé le Buisson de Jonece. Il y écrivit aussi la seconde rédaction de Meliador et sans doute plusieurs autres de ses productions poétiques. C’est là encore qu’il composa un certain nombre de morceaux où sont gracieusement retracées les mœurs rurales d’Estinnes et des environs[2]. Tandis que, protégé et guidé par la reine d’Angleterre, Froissart avait écrit le premier livre des Chroniques, il obéissait maintenant aux goûts de son nouveau patron en s’occupant presque uniquement de poésie[3], et,

  1. Ces renseignements sont extraits d’un compte de décimes pour le diocèse de Cambrai, en date de l’an 1362, compte dont nous publierons prochainement le texte en un des volumes de la collection de pouillés qui fait partie du Recueil des historiens de France. Cf. Le Glay, Cameracum christianum, p. 498.
  2. Voyez en l’indication dans Kervyn de Lettenhove, Étude sur la vie de Froissart, p. 270–272.
  3. Nous ne nous prononçons pas ici sur la question de savoir si, durant sa retraite à Estinnes-au-Mont, Froissart songea à