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Froissart et Wenceslas

refuse à penser que, dans la Prison amoureuse, Froissart ait mêlé à ses propres vers ceux du duc de Brabant. « On peut bien admettre, dit-il, que le poète ait voulu, dans le personnage de Rose, honorer le prince auquel il avait tant d’obligations, mais il nous semble trop hardi de considérer les pièces diverses qui sont attribuées dans le poème au correspondant de Flos, comme les productions réelles de Wenceslas. S’il fallait voir dans ces attributions autre chose qu’une fiction la conséquence nous forcerait de trouver aussi dans la Prison amoureuse des vers de la duchesse de Brabant[1]. »

Wenceslas recouvra la liberté le 21 juin 1372 et ce fut sans doute à sa haute protection que Froissart fut redevable de la cure d’Estinnes-au-Mont, dont on le trouve pourvu dès le 19 septembre 1373. Estinnes-au-Mont est un gros village situé à 6 kilomètres de la ville de Binche, en Hainaut, alors chef-lieu d’une châtellenie que le duc de Brabant tenait, depuis 1366, à titre d’engagement. Au point de vue ecclésiastique, il faisait partie du diocèse de Cambrai et sa cure[2], l’un des cent seize bénéfices compris dans le doyenné de Binche, était au nombre des dix plus importants de cette circon-

  1. Œuvres de Froissart, édition de l’Académie royale de Belgique, t. Ier des Poésies, introduction, p. xxxii.
  2. La cure d’Estinnes-au-Mont était à la collation du chapitre de Cambrai, comme en témoignent les pouillés de ce diocèse, et c’est par erreur que Siméon Luce (Chroniques de Froissart, tome Ier de son édition, p. lvi) a supposé qu’elle était à la présentation du seigneur de Beaumont, Guy de Blois.