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Les manuscrits de Méliador

« Sont la ensus dedens ce bois.
« Agravains, et Bruns et Yewains
990 « Et le bon chevalier Gauwains.
« Et des dames y est Helainne
« Et de Vregi la chastelainne,
« Genoivre, Yseut et belle Hero,
« Polyxena et dame Equo ;
995 « Et Medée, qui tient Jason,
« Vois tu la dessous ce buisson.
« Tous sont en esbas en ces lieus,
« Dont souverains est li douls dieus,
« D’amours li mestres et li sires ;
1000 « Ses royalmes et ses empires
« S’estent par tout celle contrée.
« Moult pres de ci est li entrée
« Dou paradis a mon seignour
1004 « Ou il a son certain séjour[1]. »


Il semble donc bien que Froissart ait publié deux éditions successives de Meliador, et cela ne doit guère nous surprendre de la part d’un auteur qui, séduit surtout par le plaisir d’écrire, a remanié jusqu’à deux fois le premier livre de ses Chroniques. Le roman du Chevalier au Soleil d’Or aurait donc été tout d’abord rimé par lui peu après 1365[2]

  1. Œuvres de Froissart, édition de l’Académie royale de Belgique, t. Ier des Poésies, pp. 29–30.
  2. Le poème de Meliador ne peut être antérieur à 1365, car le sujet semble en avoir été inspiré à Froissart par le voyage qu’il fit, cette année même, en Écosse et particulièrement par son séjour à Stirling (voir plus loin, p. lv) ; d’autre part, il ne saurait être de beaucoup postérieur, puisque sa composition précéda celle du Paradis d’Amour, que connaissait Chaucer et dont le poète anglais a tiré, parait-il, les premiers vers de son