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Analyse de Méliador

Agamanor qui les y a envoyés : cette circonstance ravive son amour et elle regrette de ne pouvoir s’en entretenir avec Lucienne ; mais, peu après, au récit que Sébille lui fait du départ de Sagremor, elle répond par ce qu’elle sait du Chevalier Rouge (v. 27245).

Retournons à Sagremor. Un jour que le damoiseau chevauchait seul, l’esprit tout occupé de Sébille, il n’entend pas le salut que lui adresse en passant une damoiselle nommée Margadine. Fort étonnée et ne sachant à quel motif attribuer le silence du chevalier, elle envoie son valet le prier de venir lui parler. Apprenant que Sagremor cherche avec qui se mesurer, elle lui indique son propre frère, un chevalier qui ne redoute personne et qui a récemment combattu le Chevalier Rouge ; elle le mène ensuite jusqu’à un endroit fort voisin du lieu où il pourra trouver ce frère qu’on appelle Morenois. Mais la rencontre ne tourne pas à l’avantage de celui-ci : il est blessé à l’épaule. La lutte cesse alors à la prière de Margadine et l’on conduit Morenois en son manoir pour lui donner les soins que nécessite son état. Pendant la nuit, Sagremor apprend avec douleur que son adversaire, précédemment vaincu par le Chevalier Rouge, a manqué à l’honneur en ne se rendant pas, conformément à l’engagement qu’il en avait pris, à la cour d’Artus : il reproche vivement à Margadine de l’avoir mis en face d’un tel champion et, après avoir tancé Morenois lui-même, il ordonne au félon chevalier de se rendre sans retard à Carlion pour y confesser sa coupable conduite. Avant de quitter la demeure de Morenois, il confie à Margadine une lettre pour Sébille, puis se sépare du frère et de la sœur qui prennent la route de Carlion (v. 27918).

Morenois, conduit en litière à Carlion, est reçu ainsi que sa sœur à la cour du roi. Artus accueille ses aveux avec bienveillance, et il est fort heureux de pouvoir donner à la reine des nouvelles de Sagremor. Les deux voyageurs sont retenus à la cour et Margadine mise au rang des demoiselles de Genièvre. Dagor, en ce moment auprès du roi, est