Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/333

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
253
Méliador

« Tost le ferai oultre passer
« Vos armeüres, je m’en vant. »
Et Melyador, qui avant
Est passés et qui bien l’entent,
8780 Li respondi courtoisement
En disant : « Sire chevaliers,
« Se vous me poés de premiers
« Desconfir par vostre parolle,
« Je tenroie ma targe a molle
8785 « Et ma lance mal aguisie. f. 65 a
« Je voel faire ossi grant prisie
« De la moie com de la vostre,
« Et, se la journée n’est nostre,
« Vous y acquerrés haute honnour.
8790 « Partés de ci, car, pour l’amour
« De la belle et bonne Hermondine,
« Jousterai a vous par tel signe
« Que vous m’ocirés ou je vous.
« Aultrement ne marchandons nous. »
8795 Ce respont Camelz : « Je l’otroi. »
Lors retourna sus cest arroi
Et prist lors la lance a son page.
Moult par estoit de fier corage
Et chevaliers de grant emprise.
8800 Qui la le voit, forment le prise,
Tant se manoie gentement :
Il li est avis proprement
Qu’il mettera mort, quoi qu’il couste,
Le chevalier a ceste jouste.


8805
Tout estoient hors dou chastiel
Damoiselles et damoisiel :
Aultrement ne l’osaissent faire.
Trop le tenist a grant contraire
Messires Camelz, ce sachiés ;