Page:Froissart - Méliador, tome 1.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
214
Méliador

« Que j’ai tous jours de celle part
« Ma pensée preste et entiere.
7455 « Et si me dist ma dame chiere :
« Va a Dieu a qui te commande.
« Soies telz c’on te recommande
« Pour bon chevalier au retour,
« Et saces vraiement c’au jour
7460 « Que tu revenras devers moy,
« Ou cas que je n’arai de toy
« Oÿ que tous biens recorder,
« Je te voel m’amour acorder.
« Siques, sire, sus cel espoir,
7465 « J’ai chevauchiet et main et soir, f. 55 b
« Et pense a chevauchier encor,
« Et, quant des ans venrai au cor,
« Si je puis vivre tel espasse
« Et je le vaille, j’arai grasce
7470 « De ma dame tres souverainne,
« Pour quoi je ne ressongne painne,
« Soing ne travel, quel part que soit. »
Et, quant Melyador le voit
En ce parti, li respont tos :
7475 « Vos avés .i. joli pourpos.
« Je vous ay oÿ volentiers.
« Or sai je moult bien, chevaliers,
« Puisque vous estes si jolis,
« Que bonne amour a en vous mis
7480 « Pluiseurs biaus sentemens pour faire
« Aucun motet qui doient plaire
« A oïr chanter a le fois,
« Que vous estes bien si courtois
« Que j’en arai .i., s’il vous plaist,
7485 « Par tel condition qu’il n’est
« Meshui homs qui a vous me face
« Combatre, et voel encor c’on sace
« Que je dirai d’or en avant