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Méliador

Ne s’est nullement detriiés
De parler bien et par raison,
Et dist : « J’estoie en ma maison,
7420 « Chevaliers, ce savoir devés,
« Ou j’ai avoech mon pere més
« Et ma mere qui m’ont moult chier ;
« Siques, pour mon corps avancier
« Et par l’ordenance otant bien
7425 « D’une dame qui a le mien
« Coer dou tout en s’obeïssance,
« Je me mis en ceste ordenance,
« Non pas que nullement je tende
« A Hermondine, ne n’entende
7430 « Que ja si bons chevaliers soie
« Que par proece avoir le doie. f. 55 a
« Ce c’aler je puis et combatre,
« Ce n’est fors que pour moy esbatre,
« Et moy duire et endoctriner,
7435 « En ce ou voel perseverer,
« En armes et en gentillece.
« Et ma dame par grant liece
« Le me commanda au partir ;
« Si n’oseroie defallir
7440 « A son pourpos aucunement.
« Or vous ay de mon sentement
« La plus grant plenté decouvert.
« Li coers n’est mies siens qui siert,
« Non que nullement me repente
7445 « De ce que j’ay pris a l’entente
« De ma dame premierement
« Et de mon bon avancement.
« J’aroie plus chier a morir
« Que nullement a repentir,
7450 « Et si le me vaurroit trop mieulz,
« Car ma dame d’uns si doulz yeulz
« Me regarda a mon depart,